Flash Surveillance

L'évolution des normes sociales au regard du cannabis en quelques chiffres

La consommation de cannabis est influencée par les normes sociales, des règles socialement partagées à l’intérieur de la société ou d’un groupe en particulier et pour lesquelles il existe une certaine pression à s’y conformer¹. Les normes sociales entourant la consommation d’une substance sont le fruit de nombreux facteurs d’influence, comme son statut légal. La consommation de cannabis au Québec est devenue légale en octobre 2018, ce qui pourrait influencer les normes sociales telles que l’acceptabilité sociale de son usage et les croyances quant aux effets perçus de la substance. Dans ce contexte, il est important de suivre leur évolution.

Les conséquences de la légalisation de la consommation de cannabis à des fins médicales et récréatives sur les normes sociales entourant son utilisation sont encore incertaines étant donné qu’il s’agit d’un phénomène relativement nouveau qui concerne uniquement quelques pays^2,3. Des recherches conduites aux États-Unis, où la consommation de cannabis à des fins médicales et récréatives est légale depuis plusieurs années dans certains États, montrent que la proportion de personnes qui perçoivent des risques pour la santé associés à la consommation régulière de cannabis a diminué, et ce, autant chez les adolescents que chez les adultes^4,5. On observe également que, depuis le début des années 2000, la proportion d’adolescents qui consomment du cannabis est restée stable, tandis que la proportion d’adultes qui consomment cette substance a augmenté, ce qui pourrait être expliqué par la légalisation à des fins médicales⁴.

Ce que les données montrent

Selon les données de l’Enquête québécoise sur le cannabis (EQC) 2021⁶, la proportion de personnes ayant consommé du cannabis au cours des 12 mois précédant l’enquête est de 20 %. Cette proportion a augmenté comparativement à l’EQC 2018 (14 % contre 20 %). La proportion de Québécois qui estiment que la consommation occasionnelle de cannabis est tout à fait acceptable a aussi augmenté entre l’EQC 2018 et l’EQC 2021, passant de 48 % à 63 %.

Acceptabilité sociale de la consommation occasionnelle de cannabis selon le genre, 2018 à 2021
Source : Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur le cannabis, 2018, 2019 et 2021

Comparativement à 2018, l’acceptabilité sociale de la consommation occasionnelle de cannabis a augmenté en 2019 et 2021, tant chez les hommes que chez les femmes.
Les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à croire que la consommation de cannabis est socialement acceptable (67 % c. 60 % en 2021, 65 % c. 58 % en 2019 et 53 % c. 44 % en 2018).

Acceptabilité sociale de la consommation occasionnelle de cannabis selon l’âge, 2018 à 2021
Source : Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur le cannabis, 2018, 2019 et 2021

La proportion de personnes qui jugent que la consommation occasionnelle de cannabis est socialement acceptable a augmenté dans tous les groupes d’âge en 2019 et 2021 comparativement à 2018. Entre 2019 et 2021, la proportion de personnes qui jugent que cette consommation est socialement acceptable a augmenté chez les 18 à 24 ans et les 35 à 54 ans (passant respectivement de 74 % à 78 % et de 60 % à 65 %).
En 2021, les jeunes de 18 à 24 ans et de 25 à 34 ans affichent la proportion la plus élevée comparativement aux autres groupes d’âge (respectivement 78 % et 77 % c. 55 % à 65 %).

Perception du risque pour la santé de consommer du cannabis à l’occasion, 2018 à 2021
Source : Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur le cannabis, 2018, 2019 et 2021

La proportion de personnes de 15 ans et plus qui jugent que la consommation occasionnelle de cannabis comporte un risque minime pour la santé a augmenté, passant de 39 % en 2018 à 42 % en 2019 et à 45 % en 2021.
En revanche, la proportion de personnes de 15 ans et plus qui estiment que la consommation occasionnelle de cannabis n’entraîne aucun risque pour la santé est plus petite en 2021 qu’en 2019 et en 2018 (18 % en 2021 c. 21 % en 2018 et 2019). Le même constat a été observé concernant la proportion de personnes de 15 ans et plus qui croient que la consommation occasionnelle de cannabis comporte un risque modéré à élevé (37 % en 2021 c. 40 % en 2018 et 2019).

Effet perçu de la consommation de cannabis sur la capacité de conduire un véhicule, 2018 à 2021
Source : Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur le cannabis, 2018, 2019 et 2021

La proportion de personnes de 15 ans et plus qui estiment que la consommation de cannabis diminue la capacité de conduire a augmenté en 2019 et 2021 comparativement à 2018 (84 % en 2018 c. 87 % en 2019 et 86 % en 2021). Cette proportion a toutefois légèrement diminué entre 2019 et 2021, passant de 87 % à 86 %.
La proportion de personnes qui pensent que la consommation de cannabis ne nuit pas à la capacité de conduire a diminué au fil des années, passant de 6 % en 2018 à 5 % en 2019 et à 3,7 % en 2021. La proportion de personnes qui considèrent que l’effet de la consommation de cannabis dépend de plusieurs facteurs a diminué entre 2018 et 2019 (10 % c. 8 %), alors qu’elle a augmenté entre 2019 et 2021 (8 % c. 11 %).

Données complémentaires

L’acceptabilité sociale de la consommation occasionnelle de tabac et celle d’alcool parmi les personnes âgées de 15 ans et plus a diminué entre 2018 et 2021, passant de 55 % à 47 % pour le tabac et de 93 % à 85 % pour l’alcool.
En 2021, la grande majorité des Québécois de 15 ans et plus (90 %) pense que la consommation de cannabis peut créer une dépendance.

EQC : Enquête québécoise sur le cannabis, 2018, 2019 et 2021

Les données présentées dans le présent Flash surveillance sont issues de l’EQC, une enquête provinciale réalisée par l’Institut de la statistique du Québec, à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux. La population visée par l’enquête est constituée des personnes de 15 ans et plus vivant dans un logement non institutionnel au Québec, à l’exclusion des personnes résidant dans les réserves autochtones ou dans les régions du Nunavik et des Terres-Cries-de-la-Baie-James. La mesure des normes sociales se fait à partir d’une série de questions portant sur les perceptions au regard du cannabis dans l’ensemble de la population.

La collecte de l’EQC 2018⁷ a été effectuée avant la légalisation du cannabis qui, à titre de rappel, a eu lieu en octobre 2018; elle fournit une mesure prélégalisation. Quant à la collecte des données de l’EQC 2019⁸, elle a été effectuée après la légalisation, soit entre février et juin 2019. La collecte des données de l’EQC 2021⁶ a été effectuée entre février et juin 2021 et permet d’avoir une mesure comparative avant et après l’entrée en vigueur de la loi encadrant le cannabis.

Références

INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC. L'usage de substances psychoactives chez les jeunes Québécois : conséquences et facteurs associés .
HALL ET LYNSKEY. Why it is probably too soon to assess the public health effects of legalisation of recreational cannabis use in the USA .
HALL et WEIER. Assessing the public health impacts of legalizing recreational cannabis use in the USA .
CARLINER ET AL. Cannabis use, attitudes, and legal status in the U.S.: A review .
JOHNSTON ET AL. Monitoring the Future national survey results on drug use 1975-2018: Overview, key findings on adolescent drug use .
INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. Enquête québécoise sur le cannabis, 2021
INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. Enquête québécoise sur le cannabis, 2018
INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. Enquête québécoise sur le cannabis, 2019

Note

Les différences présentées dans les faits saillants sont toutes statistiquement significatives au seuil de 0,05. Les résultats de l’EQC sont présentés selon le genre de la personne plutôt que selon le sexe à partir de 2021. Les répercussions sur les tendances sont minimes (source : rapport de l’EQC 2021).

Dernière mise à jour : 05 décembre 2022

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