Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Manifestations cliniques
Surveillance des manifestations cliniques
L’objectif des programmes de vaccination est de protéger la population contre les MEV tout en réduisant les inconvénients à leur niveau le plus bas. Il est donc important de démontrer de façon continue la fiabilité et l’innocuité des vaccins et des programmes de vaccination.
Une fois les vaccins commercialisés, des mesures de vaccinovigilance permettent de s’assurer de leur innocuité. Pour évaluer si un vaccin provoque un effet indésirable, les méthodes utilisées peuvent aller des rapports de cas isolés aux études soigneusement contrôlées et aux collaborations internationales.
Méthodes de vaccinovigilance
Rapports de cas isolés et séries de cas
Les rapports de cas isolés proviennent de cliniciens ayant publié leurs observations. Les cas décrits peuvent représenter les premiers indices d’un lien possible entre un vaccin et une manifestation clinique, bien que la grande majorité des manifestations associées temporellement aux vaccins soient le fruit du hasard.
Un exemple avéré est la description d’une série de cas d’invagination intestinale à la suite de la vaccination contre le rotavirus avec le Rotashield, publiée aux États‑Unis, qui a entraîné le retrait de ce produit.
Surveillance passive
Il s’agit de la collecte des données de manifestations cliniques indésirables obtenues par la déclaration des professionnels de la santé. La surveillance passive englobe la déclaration spontanée de toutes les manifestations postvaccinales. Elle permet la reconnaissance de tout changement significatif dans l’incidence des manifestations cliniques postvaccinales et la prise des mesures appropriées.
Les données de la surveillance passive fournissent des preuves plutôt minces d’une relation causale. Cependant, les systèmes de surveillance passifs permettent de déceler les augmentations de signalements et de générer des alertes. Ces alertes permettent d’enclencher des études plus approfondies. Par exemple, l’alerte déclenchée par l’augmentation subite des déclarations d’un syndrome (yeux rouges, symptômes respiratoires ou œdème facial) avec le vaccin contre la grippe en 2000 a conduit à des études permettant de confirmer l’existence d’un nouveau syndrome, le SOR.
Surveillance active
Il s’agit de la recherche systématique de données sur les manifestations postvaccinales. Depuis 1991, le programme de surveillance active IMPACT englobe 12 hôpitaux pédiatriques, dont 3 au Québec, ce qui représente 90 % des lits de soins pédiatriques tertiaires au Canada.
Par IMPACT, on vise à déterminer les admissions qui sont imputables à des effets possiblement provoqués par l’administration d’un vaccin. Au moment de l’hospitalisation pour certaines conditions cliniques ciblées, une revue systématique des doses de vaccin administrées dans les 30 jours précédant le diagnostic est faite par des infirmières affectées spécifiquement à ce programme. Les rapports d’IMPACT sont publiés sur le site Internet de la Société canadienne de pédiatrie .
Au Québec, lors d’une campagne régionale de vaccination contre le méningocoque de sérogroupe B, une surveillance active a été réalisée au moyen du courriel. Voir le Rapport final de surveillance de la sécurité de la vaccination des jeunes de 20 ans et moins contre le méningocoque de sérogroupe B au Saguenay–Lac–Saint–Jean .
En 2021, lors de la campagne de vaccination contre la COVID-19, une surveillance active sera réalisée auprès d’une partie de la population vaccinée.
Études postcommercialisation
Il s’agit d’études menées en continu sur l’innocuité et l’efficacité des vaccins dans la population. Ces études sont essentielles pour recueillir des données sur les nouveaux vaccins et pour surveiller l’impact que ces nouveaux vaccins pourraient avoir sur tout changement dans la fréquence d’évènements connus ou la survenue de nouveaux évènements. Elles permettent de mieux définir les contre‑indications, les précautions et les interactions.
Types d’études en vaccinovigilance
Études écologiques
Il s’agit d’études dans lesquelles on tire parti des « expériences naturelles » pour vérifier les hypothèses concernant les vaccins et les manifestations cliniques. Par exemple, au cours d’une étude écologique, on pourrait comparer la survenue de l’autisme durant 2 périodes distinctes dans un pays qui a remplacé un vaccin contenant du thimérosal par un vaccin sans thimérosal.
Le problème des études écologiques est qu’elles ne tiennent pas compte de facteurs confondants multiples. Elles ne représentent qu’un portrait global qui ne permet pas de mesurer si les personnes ayant manifesté la maladie sont bien celles qui ont été exposées au vaccin.
Des différences dans les critères diagnostiques, les normes de pratique en santé ou les habitudes en matière de santé pourraient faire pencher aléatoirement les résultats en faveur ou non de l’hypothèse d’un lien causal entre le vaccin et la manifestation clinique.
Études épidémiologiques à visée étiologique
Il s’agit d’études cas-témoins ou d’études de cohortes dans lesquelles on compare la survenue des manifestations cliniques dans des groupes de population vaccinés et non vaccinés dans le but de vérifier l’hypothèse d’une association entre un vaccin donné et une manifestation clinique.
La validité des données peut être affectée par plusieurs sources de biais possibles, par exemple si le groupe vacciné diffère du groupe non vacciné quant au suivi et à la possibilité de détection et de confirmation des manifestations cliniques.
Essais randomisés contrôlés
Il s’agit d’études cliniques où les personnes sont distribuées aléatoirement en 2 groupes. L’un des groupes reçoit le vaccin, alors que l’autre reçoit un placébo ou un autre vaccin. L’essai sera dit à double insu si à la fois le chercheur lui-même et les sujets à l’étude ignorent qui reçoit le produit étudié.
Ces essais fournissent les données les plus fiables et valides concernant l’innocuité des vaccins. Ils sont principalement réalisés lors des études précommercialisation avec un nombre de sujets suffisant pour détecter les manifestations cliniques rares.
Collaborations internationales
La sécurité vaccinale est un enjeu mondial pour le succès des programmes de vaccination et suscite des initiatives internationales et la création de comités d’experts. Le Canada participe activement à plusieurs initiatives internationales de surveillance et d’amélioration de l’innocuité des vaccins à l’échelle mondiale.
Aux États-Unis, l’IOM a créé l’Immunization Safety Review Committee, qui a pour mission de :
- Faire le point périodiquement sur les liens soulevés entre la vaccination et certaines maladies ou certains problèmes de santé.
- Émettre des recommandations aux gouvernements, aux fabricants, aux professionnels de la santé et à la population.
Plusieurs revues de l’IOM ont été réalisées. En 2016, l’IOM est devenu l’HMD. Le processus de consultation et les rapports produits sont publiés sur le site Internet de l’HMD .
De plus, le Clinical Immunization Safety Assessment a été fondé en 2001 pour répondre aux besoins de recherche sur la sécurité des vaccins. Il regroupe 7 centres experts de recherche médicale ainsi que divers partenaires.
L’OMS a aussi lancé des projets sur la sécurité vaccinale :
- Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale , créé en 1999.
- L’Initiative mondiale pour la sécurité des vaccins , créée en 2011.
Ces comités permettent à l’OMS de réagir avec rapidité, efficacité et rigueur scientifique aux problèmes de sécurité vaccinale qui pourraient se poser à l’échelle mondiale. Ces comités émettent également des avis ciblés.
Données de surveillance passive
Les données de surveillance passive des MCI sont publiées de plus en plus en ligne.
Ces données prêtent souvent à des erreurs d’interprétation et sont parfois utilisées pour tirer des conclusions inappropriées concernant les risques associés à l’immunisation. Bon nombre des allégations présentées sur Internet et dans les médias résultent de l’usage inapproprié de telles données publiées en ligne (voir Communication, Questions et réponses sur la vaccination).
Les professionnels de la santé doivent bien comprendre les limites des systèmes passifs de surveillance :
- Absence d’un groupe de comparaison approprié.
- Sur‑déclaration ou sous‑déclaration.
- Absence ou non‑respect de définitions standardisées de cas.
- Manque de détails pour appuyer un diagnostic donné ou envisager d’autres causes possibles telles qu’une infection simultanée ou une médication concomitante.
- Difficulté de déterminer le taux de survenue d’une MCI parce qu’on ne connaît pas le nombre total de personnes vaccinées.
Surveillance des manifestations cliniques inhabituelles au Québec
La plupart des manifestations liées à la vaccination sont bénignes et connues, et il n’est pas nécessaire de les signaler.
La DGSP du MSSS a mis en place à l’automne 1990 le Programme ESPRI. Par ce programme de surveillance passive, on recueille, dans le registre de vaccination du Québec, les déclarations des MCI survenues après une vaccination. Le Programme ESPRI est en lien avec le programme de surveillance de l’ASPC.
Responsabilité légale
En vertu de l’article 69 de la LSP, tout professionnel de la santé habilité à poser un diagnostic ou à évaluer la condition de santé d’une personne est tenu de déclarer au directeur de santé publique de sa région, dans les plus brefs délais, toute MCI survenue chez une personne qui a reçu un vaccin ou chez une personne de son entourage (voir Responsabilités professionnelles et légales, Déclaration des manifestations cliniques inhabituelles). Il est important de signaler à la DSPublique de sa région les manifestations cliniques graves ou inhabituelles, décrites ou non dans le PIQ, qui sont liées dans le temps à une vaccination.
L’obligation de déclaration n’incombe pas seulement au vaccinateur, mais également à tout autre professionnel de la santé qui constate cette manifestation.
Un seul évènement inhabituel apparaissant à la suite d’une vaccination peut être une simple coïncidence ou être causé par le vaccin. L’accumulation de rapports, qui sont parfois en nombre limité, peut indiquer un risque associé au vaccin. Ainsi, chaque rapport soumis est important.
Un formulaire de déclaration à cet effet est disponible sur le site Internet du MSSS. Il comprend les renseignements suivants : renseignements personnels de la personne vaccinée, produit immunisant utilisé, détails de la manifestation clinique et de son évolution. Les antécédents personnels et la médication de la personne vaccinée ainsi que l’histoire de l’évènement sont utiles pour étayer l’incident afin d’éliminer une infection ou une étiologie concomitante et de tenter d’établir la probabilité de son association avec la vaccination.
Rôles de la Direction de santé publique
La DSPublique vérifie si les évènements signalés correspondent aux définitions de surveillance. Pour cela, elle procède à une enquête pour compléter l’information, si nécessaire. Les manifestations qui font suite à une autre cause clairement déterminée ne sont pas retenues.
Après validation, la DSPublique inscrit les évènements dans le registre de vaccination. Elle peut aussi émettre des recommandations sur la conduite à tenir et sur la poursuite de la vaccination.
Rôles du MSSS
La Direction de la vigie sanitaire du MSSS procède à l’analyse continue des données des MCI inscrites dans le registre de vaccination et publie des rapports périodiques. Elle émet, au besoin, des avis concernant les produits immunisants et leur utilisation.
Dernière mise à jour : 21 décembre 2020